Photo De Samuel Poulingue, Gérant De La Scop Le Messageur

Découvrez le portrait de Samuel, co-fondateur du Messageur

Profondément passionné par son métier et pleinement engagé pour favoriser l’accès à la communication des personnes en situation de handicap auditif, Samuel nous raconte son parcours en tant que professionnel du secteur, mais aussi en tant qu’individu.  

Une expérience marquée dès le départ par l’envie de prendre en compte les dynamiques relationnelles pour construire du collectif

Animateur socio-culturel pendant 10 ans à Tours, Samuel s’est impliqué dès ses débuts dans le milieu social et associatif. Responsable du « secteur jeunes » d’un centre social, il explique comment son expérience l’a mené vers une façon collective d’envisager le monde : « Cette expérience m’a permis d’avancer en tant que citoyen et individu. J’ai pu expérimenter les outils de l’éducation populaire et me rendre compte qu’avec un collectif, on peut tendre vers une idée et que chacun peut y trouver sa place. Ce qui me passionne, c’est de créer les conditions qui permettent à l’individu de devenir autonome, véritable acteur de sa vie à travers son engagement personnel mais aussi collectif ». Par la suite, Samuel s’installe à Cherbourg où  il travaille pour un bailleur social dans le cadre d’une mission qui le passionne : lors d’une opération de renouvellement urbain, il mène à bien l’accompagnement social des habitants d’un quartier composé de 7 barres d’immeubles à démolir pour les reloger, avant un éventuel retour pour certains dans le quartier reconstruit. « C’est une expérience qui m’a enrichi et qui m’a permis de m’épanouir dans l’accompagnement. »  

En route vers l’entrepreneuriat

Après cette expérience riche de sens et de rencontres, Samuel devient entrepreneur en 2006, en intégrant le projet de création de l’association « Territoire etc… mais pas n’importe quoi ». Il s’agissait d’accompagner des projets collectifs d’utilité sociale avec des emplois, ainsi que les outils du territoire au service de la participation des habitants. C’est comme ça qu’il fait la rencontre en 2008, de l’Association des Devenus Sourds et Malentendants de la Manche (ADSM Surdi 50). Il découvre alors le sujet de la surdité à travers la mission qui lui est confiée : accompagner la création d’un poste de transcripteur : « Je découvrais le sujet de la malentendance, j’ai compris qu’il existait un monde que je ne connaissais pas. » Il se passionne pour le sujet et réalise que « la problématique n’est pas dans le fait d’être malentendant. Le vrai problème, c’est de ne pas pouvoir communiquer. S’il y a un accompagnement pour créer les conditions d’une communication accessible, les obstacles disparaissent. Ce constat m’a fortement interpellé et j’ai décidé de m’engager pour permettre à des personnes malentendantes de s’épanouir dans leur vie professionnelle et personnelle ».  

Les débuts de Samuel au sous-titrage

Voyant Samuel très impliqué dans l’accompagnement, l’association ADSM Surdi 50 lui propose le poste de transcripteur en 2009 : « J’ai commencé le sous-titrage en direct avec Nicolas Hervé. Le but était de retranscrire les propos des intervenants à l’aide d’un clavier d’ordinateur classique. Évidemment, avec cette technique, on n’allait pas assez vite. On est donc allés voir l’association Oreille et Vie, du Morbihan, qui fait partie de la fédération nationale SurdiFrance. Cette association travaillait avec une personne qui utilisait des raccourcis sur Word. Malgré le petit gain de temps, on trouvait que les propos retranscrits manquaient encore de rapidité. On s’est donc tournés vers la méthode voix / clavier, avec l’usage de la dictée vocale et toujours d’un clavier classique. C’est d’ailleurs comme ça que j’ai fait la connaissance de Jean-Luc qui avait déjà opté pour cette méthode de travail. C’est avec lui que j’ai ensuite créé Le Messageur. » 

Une rencontre décisive

« Très vite, on a compris qu’on était sur la même longueur d’ondes avec Jean-Luc. On s’est demandé comment faire pour que les situations de communication qui restent difficiles malgré le port d’aides auditives soient rendues accessibles et que cette accessibilité permette à l’individu d’être autonome dans toutes les étapes de sa vie, car ça, c’est vraiment la clé. » Samuel et Jean-Luc se penchent donc sur la technique. Le besoin que l’interprète de l’écrit réalise à distance le sous-titrage les amène à travailler sur l’optimisation de la prise de son. En effet, les deux acolytes, passionnés et engagés, travaillent d’arrache-pied pour apporter des solutions facilitant la vie des personnes malentendantes.  

Et c’est parti !

En 2012, ils créent le Messageur avec Nicolas Hervé. Le milieu associatif a beaucoup marqué Samuel qui a à cœur de faire vivre un état d’esprit coopératif. Il propose donc de créer une Scop : « La Scop protège l’outil de travail, elle permet de partager les richesses de manière équitable et les salariés peuvent s’exprimer sur les décisions du dirigeant puisque le principe c’est 1 associé = 1 voix. » L’aventure du Messageur peut commencer !   

Samuel se rappelle : « Au départ, il fallait être sur tous les fronts ! De l’administratif, de la comptabilité, du sous-titrage en temps réel… On pouvait passer parfois toute la journée à transcrire ! ». L’équipe reste en effectif réduit jusqu’en 2018, alors chacun met la main à la pâte. Pour développer l’entreprise, Samuel décide de se former dans le cadre d’un DU Business Management, dispensé par l’Université Paris Dauphine, pour les dirigeants de SCOP et de SCIC. À partir de 2018, l’équipe du Messageur s’étoffe et structure. Lors de cette formation universitaire, Samuel découvre aussi un nouveau mode d’organisation de l’entreprise : Holacratie, qui permet aux membres d’une équipe de travailler à la fois ensemble et en toute autonomie dans leurs rôles. Aujourd’hui et depuis un peu plus d’un an, Le Messageur a adopté ce fonctionnement qui a transformé notre manière de travailler ensemble et renforce nos capacités à coopérer. 

Avec Le Messageur, Samuel compte bien faire avancer le chemin de l’accessibilité. « Planter une petite graine et rester concentrés… Notre véritable ambition n’est pas la quête de profits, mais plutôt la persévérance dans notre engagement en faveur de l’accessibilité. Ce qui nous anime c’est de trouver des solutions techniques et de savoir-être qui permettent de surmonter les obstacles à la communication.  Ne pas pouvoir communiquer a des répercussions sur la santé. Au Messageur, notre objectif est de rendre tout le parcours de vie d’une personne malentendante accessible : ses études, son quotidien social et culturel, son travail et plus tard, l’accompagner dans ses vieux jours. ». Un objectif que toute notre équipe partage et déploie au quotidien !

Pour en savoir plus sur le parcours de Samuel et l’histoire du Messageur, vous pouvez visionner le film Poésie de l’expérimentation, disponible en ligne. 

 

Photo réalisée par Frédérique Jouvin

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