La Formation De La Scop Sémawé.

Accessibilité lors de formations : le retour d’expérience de Jeanne

Après avoir animé une formation accessible à une participante malentendante, membre de notre équipe, Jeanne de Kerdrel, de la Scop Sémawé, nous a proposé de partager son vécu de cette expérience, inédite dans son parcours de formatrice.  

Une formation accessible pour les personnes malentendantes

Une partie de l’équipe du Messageur s’est rendue dans les locaux de la Scop Sémawé à Grenoble pour une formation de 4 jours sur l’holacratie, un mode de gouvernance que nous avons adopté il y a un an. Pour rendre possible la participation de Coline, notre chargée d’innovation, nous avons rendu cette formation accessible par un aménagement sonore et du sous-titrage en direct des échanges. Cela supposait que toutes les prises de paroles, celles de la formatrice, Jeanne, et celles des participant·es, soient formulées dans un des microphones présents dans la salle.  

Capté dans ces micros, le son des voix était transmis dans les aides auditives de Coline et dans le casque des interprètes de l’écrit qui réalisaient, à distance un sous-titrage en direct des échanges, affiché sur un écran dans la salle de formation. “Tout le monde s’est bien adapté au besoin d’accessibilité. J’ai pu participer dans un cadre sécurisant, ce qui permet d’être soi-même”, se rappelle Coline. 

Les règles du jeu

Les règles du jeu sur place, tout au long de cette formation : 

  • Prendre systématiquement le microphone pour intervenir.  
  • Commencer par dire son prénom au démarrage de chaque prise de parole. 

2 principes simples et faciles à adopter mais qui s’écartent un peu de la manière habituelle d’échanger dans ce contexte. Une partie du groupe connaissait le dispositif, l’autre le découvrait. Est-ce qu’on s’habitue vite ? Nous avons recueilli le témoignage de la formatrice, Jeanne, pour qui ce dispositif était une première :  

Quelques jours avant le début de la formation, nous avons réceptionné la valise de sonorisation Diluz que Le Messageur nous a expédiée. C’est Madeline, qui participait aussi à la formation, qui l’a connectée à une visioconférence pour que les interprètes de l’écrit nous entendent et puissent réaliser le sous-titrage en direct de nos propos. Coline a pu expliquer son besoin d’accessibilité au groupe au démarrage de la session. 

Cette accessibilité a permis de réguler la parole, du fait d’avoir des microphones qui fonctionnaient comme des bâtons de parole. Les gens ne pouvaient pas se couper la parole. J’avais moins besoin d’intervenir pour distribuer la parole. Le déroulement des échanges était plus posé. J’ai aussi parlé plus lentement alors que je suis plutôt quelqu’un qui parle vite. J’ai fait quelques petites blagues mais triées sur le volet et uniquement quand j’avais le micro, ce qui m’a permis au passage de conserver cette posture très neutre. Dans la salle, les stagiaires qui connaissaient le dispositif ont été des relais attentifs et tout le monde a contribué au fait de s’assurer que les prises de paroles se fassent dans un microphone ou, qu’en cas d’oubli, elles soient répétées. 

Au départ, certains participants ont craint de faire des faux-pas. Ces doutes ont été rapidement levés et cette accessibilité leur a même été profitable : lors du tour de clôture réalisé en fin de session, il est ressorti que le groupe avait apprécié la manière de prendre la parole tour à tour, le rythme des échanges et le fait que les contenus écrits à l’écran permettent de rattraper les propos.  

Pour ce qui est de dire mon prénom à chaque prise de parole, j’ai tellement pris le pli que les jours suivants, en animant une assemblée générale, je n’arrêtais pas de dire mon prénom. Le réflexe était acquis ! Ce qui m’a amené à expliquer cette expérience.

Pour moi, ça a été très positif et simple à mettre en œuvre. Ça m’a donné envie de communiquer sur le sujet pour donner envie à d’autres formateurs de le mobiliser. 

Pour en savoir plus 

Crédit photo : Sémawé, Thomas Mady 

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