Le 19 septembre 2024, la mairie de Toulouse a fait appel au Messageur afin de sous-titrer…
Retour sur le sous-titrage en temps réel d’un procès
« La justice rencontre les sourds » c’est le titre de cet article d’Estelle Thizy, de l’association Droit Pluriel, que nous avons le plaisir de repartager. Il est paru dans le magazine Le Monde du Droit, le 3 mars 2021. L’idée de cet article a émergé lors d’échanges qui ont suivi le sous-titrage en temps réel par Le Messageur d’un procès, en septembre dernier à la Cour d’Assises d’Amiens. Chose rarissime ! Alors que le besoin ne manque pas… Face à ce constat, Droit Pluriel s’est emparé du sujet et a mené un travail d’enquête et de synthèse pour rendre un peu plus visible un droit peu appliqué. Le Messageur est fier d’avoir pu contribuer à cet article qui met en lumière un besoin très méconnu.
Pour l’équipe du Messageur, le sous-titrage d’un procès en septembre dernier était une première. Nous avons été sollicités par la cour d’assises d’Amiens pour qu’un prévenu malentendant puisse suivre son procès. Pendant les trois jours qu’a duré le procès, Florie et Anne-Laure, interprètes de l’écrit du Messageur, étaient sur place, au fond de la salle d’audience, pour réaliser le sous-titrage en temps réel. Elles reviennent sur leur vécu de cette expérience inédite :
Au début du procès, nous avons dû prêter serment devant la cour en levant la main droite et en disant « je le jure » ! Ça met dans l’ambiance : un bref moment très solennel ! Nous étions un peu intimidées. À ce moment-là, nous avons pris conscience de l’importance de notre travail dans le déroulement du procès, que notre transcription allait jouer un rôle déterminant pour l’accusé. Nous qui travaillons généralement « dans l’ombre », nous avons été mises en avant dès le début du procès et cela a suscité la curiosité de nombreuses personnes présentes. Tout le monde découvrait la technique utilisée. Pendant longtemps et même le procès déjà bien entamé, on a pensé qu’on tapait au clavier*. On est venu nous questionner sur notre travail et sur la façon dont fonctionnait la dictée vocale. À toutes les pauses, quelqu’un s’approchait l’air de rien pour venir jeter un œil curieux.
Les microphones de la salle d’audience ont été utilisés ainsi que les écrans habituellement dédiés à la diffusion de photos de pièces à convictions. Ils ont permis d’afficher le sous-titrage en temps réel. Le prévenu a suivi l’audience sur un écran placé devant lui.
La durée du procès et le rythme de ses étapes avaient été prévus dans l’hypothèse d’une éventuelle fatigue liée à la lecture continue du sous-titrage. L‘accusé s’est très vite adapté à la transcription simultanée et tenait le rythme de lecture au fur et à mesure qu’on lui posait les questions. C’était la grande interrogation du début de ce procès : ce dispositif d’accessibilité allait-il permettre à l’accusé de suivre les échanges ? Eh bien, oui ! Très vite, il a répondu aux questions qu’on lui posait et n’a pas hésité à prendre la parole quand il le pouvait. À tel point qu’on a pris de l’avance sur ce qui était prévu et que le procès s’est terminé plus tôt.
L’accusé a tenu à remercier la Présidente pour la mise en place du dispositif. Elle lui a répondu que c’était normal, considérant qu’il ne pouvait pas rester extérieur à son propre procès. »
* Pour réaliser le sous-titrage, les interprètes de l’écrit du Messageur utilisent une technique de transcription voix/ clavier. Avec l’appui d’un logiciel de reconnaissance vocale, elles utilisent la dictée vocale et un clavier classique pour transcrire à la vitesse de la parole les mots prononcés oralement.
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